Exils
2004

Exils

Exils suit le périple de Zano et Naïma, deux jeunes Français d’origine algérienne, qui décident sur un coup de tête de traverser l’Europe pour rejoindre la terre de leurs ancêtres. De la France à l’Espagne, jusqu’aux rives de l’Algérie, ils avancent au rythme des musiques du monde et des rencontres, dans un voyage sensoriel et vibrant, à la recherche d’eux-mêmes autant que d’un passé effacé.

 

Quatorzième film de Tony Gatlif, primé par le prix de la mise en scène à Cannes. Le jury était présidé par Quentin Tarantino. Pour l’anecdote, Tarantino ne savait pas que Gatlif est français, il ne l’a su que le lendemain de la clôture.

“Le film est né du désir de me pencher sur mes propres cicatrices. Je n'ai pas voulu faire un film sur l'Algérie, que je connais mal, mais sur les enfants d'exilés à la recherche de leurs origines.” Michel Dahmani

Dahmani est devenu Gatlif dans les années 1970 pour éviter les discriminations liées à son origine algérienne.

© Exils (2004)
Plongeons dans cet exil à contre sens pour un exode à contre-courant

Un jour, Zano (Romain Duris) propose cette idée un peu folle à sa compagne Naïma (Lubna Azabal) : traverser la France et l'Espagne pour rejoindre Alger et connaître, enfin, la terre qu'ont dû fuir leurs parents autrefois. Presque par défi, avec la musique comme seul bagage, ces deux enfants de l'exil se lancent sur la route. Epris de liberté, ils se laissent un temps griser par la sensualité de l'Andalousie - avant de se décider à franchir la Méditerranée. D'une rencontre à l'autre, d'un rythme techno à un air de flamenco, Zano et Naïma refont, à rebours, le chemin de l'exil. Avec, au bout du voyage, la promesse d'une reconquête d'eux-mêmes.

Gatlif parle sur le mode du chant pour surmonter la difficulté de dire et pour approcher au plus près cette déchirure, qui n’a pas encore été érodé par l’oubli. Son récit est nourrit par un attachement profond aux grands espaces et à la nature dans lesquels le duo est partie intégrante du Cosmos. Un hédonisme naissant et une quête du plaisir qui devient le leitmotiv de nos deux personnages. Dans un parcours musical, de techno en flamenco, de guitares en tambours, qui, à la manière de Kusturica, apporte un parfum d’aventure, un grain de folie, un supplément d’âme, faisant battre les coeurs et corps, se superposant à l’histoire et parfois s’y substituant. “Quelle est ta religion?”, demande un candidat à l’immigration. “La musique”, répond Zano sans ambages.

Exils - Tony Gatlif
La dérive, le retour aux origines

Il y a quelque chose de provocateur et d’irresponsable dans la manière de les filmer, en train de faire, pour le fun, le chemin inverse des immigrés africains pour qui l’Occident est le seul espoir de survie. Le périple prendra fin à l'arrivée à Alger, dans le quartier d'enfance de Gatlif (Boumerdes), dévasté pendant le tournage par un tremblement de terre. Le réalisateur utilise souvent le cadre dans le cadre (l'arrière du camion, la fenêtre dans les ruines…), c'est une manière de s'effacer derrière l'objet filmé, ce n’est presque jamais frontal, c'est comme si le réalisateur n'était pas là. Zano & Naima Se laissent aller au fil du réel et y plongent sans retenue ­ dans la scène de transe de dix minutes, en plan-séquence et sur rythmes soufis. Comme une exaltation. Cette scène est le symbole d’un changement, d’un généreux mélange d'espoir et de désillusion.

 

Fadoua Medallel

25 Juillet 2024

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